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Baby-blues ou dépression du post-partum ?

« On ne nait pas mère, on le devient », Jean-Marie Delassus

 

Article rédigé par Dalila Pilot Hammoud

« Une mère doit naître psychologiquement, tout autant que son bébé nait physiquement. Ce qu’une femme met au monde dans son esprit, ce n’est pas un nouvel individu, mais une nouvelle identité : le sentiment d’être mère », Stern-Bruscweiler. Cette citation décrit parfaitement ce que traverse la nouvelle mère : la femme devient mère, ce processus s’étale dans le temps et la modifie en profondeur, en la projetant à la fois dans son passé et dans son futur.

La naissance d’un enfant et les remaniements psychiques qu’elle engendre peuvent entrainer des troubles profonds chez la mère, que l’on appelle troubles du post-partum. Il est important de distinguer la dépression du post-partum et le baby-blues. L’arrivée d’un nouvel être ravive les événements de l’enfance, et notamment ceux de vie, de deuil, de perte et de séparation. La qualité de l’environnement familial et du support social, le projet du couple, le déroulement de la grossesse entrent aussi en ligne de compte.

Après l’accouchement, de nombreuses femmes connaissent le baby-blues. Ce n'est pas une maladie, cet état touche toutes les femmes, et pas spécialement celles qui ont eu des difficultés à concevoir (selon les études, 25 à 90 % des femmes subiraient cette dépression passagère). Il s'agit d'une réaction relativement fréquente, le taux d’hormones (œstrogènes et progestérone) chute fortement, ce qui peut provoquer une baisse de moral et rendre irritable, alors que la présence de ces hormones durant la grossesse ont un effet antidépresseur. C’est pourquoi pour la majorité des jeunes mamans, il ne s’agit que d’un épisode de quelques jours, une semaine tout au plus. Rapidement, les choses vont rentrer dans l’ordre, au fur et à mesure que l’organisme retrouve son équilibre hormonal. Le plus souvent, les jeunes mamans décrivent un sentiment d’incompétence, elles fondent en larmes à la moindre occasion et se sentent épuisées. A ce coup de blues, il faut ajouter le sentiment de culpabilité de ne pas être capable d’être heureuse « alors que vous avez tout pour ça et que vous êtes en plein dans la plus belle période de votre vie de femme » (phrase trop souvent répétée par l’entourage).

Comment dépasser son baby blues ?

- Relativisez, cette épisode dure rarement plus d’une dizaine de jours.

- Tentez de dormir au maximum lorsque bébé dort, car la fatigue accentue le syndrome dépressif.

- Libérez votre parole, ce n’est ni une honte ni une faiblesse : pleurez, échangez avec l’équipe soignante de la maternité et demander de l’aide.

Chez 10% des femmes le mal-être perdure, on parle alors de dépression du post-partum : cette dépression est donc plus profonde et peut devenir grave si elle n’est pas prise en charge convenablement.

Les principaux symptômes sont les suivants :

- Une humeur dépressive avec une grande tristesse et une angoisse disproportionnée aux raisons objectives.

- Une absence de plaisir dans les soins quotidiens du bébé, la jeune maman s’isole et n’a envie de rien : sortir, échanger avec son compagnon, plus rien n’a d’intérêt à ses yeux.

- Une perte d’appétit et de poids rapide, ou au contraire, des épisodes boulimiques.

- Des troubles importants du sommeil (insomnies, réveils en sursaut, sommeil fragmenté en dehors du cycle classique).

- Une agitation physique ou au contraire un ralentissement psycho-moteur.

- Une grande fatigue ou encore une sensation de dévalorisation et/ou de culpabilité.

- Une incapacité à prendre des décisions, même les plus simples.

- Des pensées récurrentes de mort voire des idées suicidaires dans les cas les plus graves.

Si vous vous sentez envahie par des angoisses consultez votre médecin. Ce dernier jugera si vous avez besoin d’un traitement passager, voire d’un soutien psychologique qui vous aidera à trouver votre propre place de mère. Vous pourrez aussi vous rapprocher des lieux d’accueil parents-enfants : ces espaces d’écoute anonymes et gratuits permettent un soutien auprès de professionnels et la rencontre d’autres mamans.

Et bébé dans tout ça ?

Si vous n’allez pas bien, Bébé le percevra puisqu’il ressent toutes vos émotions à travers vos gestes et votre voix. Lors du baby-blues même si vous vous sentez en difficulté, essayez de garder une proximité physique avec votre tout petit. Mieux vaut qu’il ressente vos émotions qu’une absence de « peau à peau ». La dépression du post-partum peut avoir des conséquences graves, autant sur la jeune maman que sur son bébé, qui ressent fortement l’humeur maternelle. Un désintérêt à son égard peut avoir des effets importants sur la mise en place de la relation mère/enfant. Certains bébés réagissent d’ailleurs fortement à cette dépression, et présentent eux aussi des symptômes dépressifs, de troubles du sommeil ou de l’appétit. Cette dépression nécessite donc une vraie prise en charge sous peine de séquelles dans le lien mère-enfant, ce que n’induit pas, a priori, le baby-blues. Il est important également de sensibiliser les papas et l’entourage afin qu’ils puissent prendre le relais afin de limiter les carences affectives.