Je m’appelle Madame C et j’ai vécu la pire chose de ma vie en 2017 suite à la naissance de mon second enfant.
En 2015 je pars vivre en Guyane française, j’ai suivi mon conjoint muté pour trois ans. Nous nous installons dans notre vie d'expatrié avec notre fils N.
Les deux premières années se passent très bien, je fais un travail qui me plait (poste en CDI), mon fils est à la crèche, mon conjoint travaille également. Nous passons nos weekends en famille et partons régulièrement en vacances, une vie assez tranquille. Nous décidons par la suite d’agrandir notre famille et ma grossesse se passe sans encombre, j’aime être enceinte, nous sommes heureux et en 2017 nous accueillons notre second fils T. Nous étions un couple solide et heureux d' être à nouveau parents.
Personne n’aurait pu détecté que quelques semaines après la naissance de T. ma vie allait complètement basculer et que j’allais subir un internement d’urgence en psychiatrie. Les premiers symptômes sont apparus quelques semaines après la naissance de T : je perdais beaucoup de poids et je ne dormais quasiment plus, j’étais en hypervigilance permanente. Anxieuse dans la démesure totale, je ne pouvais rien manger, je devenais faible physiquement, j’avais de plus en plus de mal à m’occuper de mon bébé et je n’avais plus assez de force pour assurer avec mon aîné.
J’ai appelé ma mère afin qu’elle vienne m’aider car mon conjoint commençait à comprendre que quelque chose n’allait pas : je tenais des propos incohérents, je réagissais bizarrement, je disais des choses sans aucun sens… j’avais un gros problème avec les suites logiques, les chiffres, les heures, j’avais besoin de tout noter sur papier, pour ne pas oublier et laisser des traces écrites dans le futur, mes pensées était de plus en plus tournées vers la mort et/ou le viol. Une confusion totale dans ma tète et je commençais à entendre des voix et voir des choses qui n’existaient pas. Les hallucinations sont apparues petit à petit et je réfléchissais 22h sur 24 , j’avais l’impression que les gens faisaient des complots et surtout je pensais avoir des révélations, j’avais l’impression de tout comprendre : la raison de notre présence en Guyane, pourquoi j’avais rencontré mon conjoint, pourquoi j'avais eu des garçons… la mort, la violence des humains, etc.
Je tenais d’interminables conversations sur des sujets tel que la religion, la politique, la drogue, les maladies, etc. J'avais également beaucoup de pensées liées à mon enfance qui remontait à la surface, je me recroquevillais en positon fœtale… j'étais perdue entre mon âge d'adulte et mes souvenirs d'enfance.
Ma tête allait exploser et un soir, j’ai pété un câble, ma tête tournait tellement et surchauffait à réfléchir sans cesse que je croyais que j’allais m’évanouir, je ne tenais presque plus debout, j’étais tellement maigre, un cadavre. Je n’avais plus confiance en personne ni en ma famille , ni en ma mère, ni envers le papa des enfants, j’ai commencé à ressentir une envie de protéger mes enfants car j’avais l’impression qu’ils avaient été violé bébé et qu’ils allaient bientôt mourir. Je savais que je me devais de les protéger pour que personnes ne les touches, je me suis mise devant eux et personne ne pouvait les approcher, personne. Si les gens essayaient, je les repoussais, je n’autorisais plus personne à les approcher. J’avais très peur pour eux et je répétais qu’il fallait me passer sur le corps pour qu’on récupère les enfants. J’étais en panique totale, car je me rendais compte que je ne faisais pas le poids seule face à plusieurs adultes.
Ma famille a tenté de me raisonner pour me rassurer mais je pensais que c’était totalement faux, je pleurais car je savais qu’à un moment j’allais tomber, je répétais en boucle la même chose en étant énervé car je pensais qu’on me mentais. Ma famille s'est alors rendu compte de la gravité de la situation et ils ont appelé l’ambulance. Ma mère a compris très rapidement que je n’étais pas moi même, mon ex conjoint désormais… n’a pas compris sur le coup et prenait toute mes reproches et menaces au pied de la lettre.
Le lendemain je me suis réveillée à l’hôpital psychiatrique sous camisole chimique, totalement shootée, j’errais comme une zombie dans les couloirs. On me donnait du Valium, antipsychotique puissants, régulateur d’humeur et somnifère , cocktail qui m’ont fait beaucoup dormir. J’avais un mois et demi de sommeil à récupérer. Je sentais que mon cerveau était entrain de se battre contre les médicaments, je me sentais parfois consciente mais possédée également. C’était épuisant mais je devais me soigner pour revoir mes enfants, parfois je me disais que c’était trop tard et que je n'avais pas été assez forte pour les protéger etc.
J’ai réussi à voir mes enfants très régulièrement quelque minutes en dehors de l’hôpital sur les extérieurs mais dans un état de confusion, j’ai d'ailleurs très peu de souvenirs de ces moments. J'étais juste choquée de voir mon fils allaité la veille avec un biberon dans la bouche, mais moi je n’avais plus de seins, j’étais rempli de médicaments dans le sang et j’étais enfermée jour et nuit ici. Fort heureusement, mon état ne s'est pas aggravé à partir du moment où je suis rentré dans cet hôpital et le diagnostic est tombé assez rapidement : je souffrais d' UNE PSYCHOSE PUERPERALE. L'équipe médical a tout suite trouvé le bon traitement, j'ai enfin pu mettre mon cerveau sur pause et entamer un très long travail psychologique derrière.
J'ai eu de la chance dans mon malheur : aujourd'hui je suis à nouveau la maman que j’étais avant cette terrible épreuve, pas plus anxieuse que la normale avec mes enfants, proche mais pas dans l’excès malgré ce qui s’est passé. Mes enfants ont toujours reçu beaucoup d'amour ca j'ai pu compter sur le soutien de ma famille.
Aujourd'hui 2017 est derrière moi. Je suis extrêmement fière et heureuse d'avoir mes enfants que j'élève seule depuis 3 ans. Certes, cet épisode a été d'une violence inouïe mais cela m’a sûrement rendue plus forte. Rien n’aurai pu empêcher ma psychose, ça m’est tombé dessus et je n’ai rien pu faire. Depuis je m’intéresse beaucoup à la psychologie humaine notamment sur les effets de la maternité, la matrescence, les dépressions etc.
Madame C.