L’une des grandes découvertes du XXème siècle en psychologie est celle de la théorie de l’attachement. Décrite par le pédopsychiatre anglais John Bowlby, cette théorie propose que parmi les grands besoins primaires nous permettant de nous développer, existe un besoin spécifique d’attachement, besoin qui a longtemps été sous-évalué.
Dans un contexte d'après-guerre mondial, J. Bowlby a voulu comprendre les enjeux du développement affectif et social des enfants en orphelinat. Les travaux ont démontrés d’importantes carences psychologiques et intellectuelles chez ses enfants malgré les soins physiques de bases.
Dans la théorie de Bowlby, les interactions précoces de l’enfant avec sa mère vont modeler une grande partie de sa vie relationnelle future. L’enfant nait sans représentation de lui, des autres ou du monde. Les premières interactions avec la première figure d’attachement à savoir la mère ou le père, vont lui permettre de se construire des représentations du monde. Bowlby modélise l’interaction avec le parent comme une séquence de comportement à la fois de signalement et de rapprochement. Ainsi, quand le bébé pleure il « signale » son mal-être et son parent se « rapproche » pour le prendre dans les bras.
De ce fait, la répétition de ces séquences comportementales permet à l’enfant de se construire des modèles internes anticipant les relations avec le monde externe. Ces modèles sont à l’origine des différents types d'attachement, ces derniers auront un impact sur le développement de l'enfant. Bowlby (1989) identifie ainsi trois schémas d’attachement :
- Les sécures : ce sont des enfants qui ont développé la certitude et la confiance que leurs signaux de détresse seront entendus, compris et recevront une réponse rapide et adéquate. Ils savent qu’en cas de difficulté, un adulte (leur parent) leur viendra en aide et que cette aide sera rapide, efficace et adaptée. Ce sentiment de confiance leur permet d’intérioriser une base de sécurité à partir de laquelle ils iront explorer le monde, apprendre, découvrir et qui leur permettra une authentique capacité d'autonomie. . A chaque séparation l'enfant pourra puiser
dans la sécurité intérieure que lui apporte sa figure d'attachement pour être capable de surmonter sa peur, il lui faudra bien évidement une phase d’adaptation (en cas de nouveau mode de garde par exemple) mais il trouvera les ressources nécessaires pour s’adapter plus facilement, on parle alors de sécurité émotionnelle. Ce type d’attachement qui représente environ 65% des enfants est associé dans la recherche à de meilleures compétences sociales et scolaires.
- Les insécures évitants : ce sont des enfants qui ont appris que pour maintenir la proximité avec leur figure d’attachement, ils devaient minimiser leurs signaux d’attachement et de détresse. Ils ne semblent pas affectés par le départ de leur figure d’attachement, ni plus intéressés par son retour. Ce sont des enfants qui ont éteint leur système d’attachement et qui semblent très autonomes. Ils ont l’air de ne pas avoir besoin qu’on les réconforte lors d’une séparation et/ou au moment des retrouvailles. Ils apparaissent se débrouiller très bien tout seuls, notamment en surinvestissant l’exploration. Cependant la recherche a montré que, lors d’une séparation d’avec leur mère au cours de la situation dite étrange : par exemple l'enfant est en présence de sa figure d'attachement puis une personne non familière entre dans la pièce, si sa figure d'attachement quitte la pièce on note un taux plus élevé d’hormones du stress dans la salive de l’enfant.
- Les insécures ambivalents/résistants : Ce sont des enfants qui ont développé pour stratégie d’attachement une hyperactivation de leur système d’attachement avec une accentuation de leurs signaux. En cas de besoin ils ne sont jamais sûrs de recevoir une réponse adaptée, l'insécurité vient de l'absence de constance. Lors de retrouvailles après séparation, ils apparaissent souvent inconsolables, même par leur mère, et en colère.
Le type d’attachement que l’enfant va développer dépendra en grande partie du type de soins qu’il recevra pendant la première année de sa vie, et sera modulée par son tempérament et les évènements de vie, facteur de stress, etc. Appartenir à un certain type d’attachement n’est pas une fatalité en soi car il existe une multitude d’autres facteurs qui influencent la qualité des relations à l’âge adulte.